6.

Le dernier sermon de Pierre

Grandir pour ne pas mourir

En 2 Pierre, la dernière lettre de l'Apôtre avant son exécution à Rome, Pierre instruit l'église au sujet du développement spirituel nécessaire pour avoir une expérience véritable de la vie chrétienne et l'espérance du ciel.
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Dans sa première épître, Pierre explique les effets de la grâce chez quelqu'un et comment reconnaître les changements qui prennent place à cause d'elle. Ici, dans sa deuxième lettre, il adresse différentes questions parce que sa situation personnelle est différente. Imaginez pour un instant que Dieu vous a choisi pour tout ce qui suit :

  1. Prêcher le tout premier sermon évangélique.
  2. Organiser et servir la première congrégation de l'église du Seigneur en tant qu'ancien.
  3. Avoir l'occasion d'être le premier à prêcher l'évangile aux païens.
  4. Produire des écrits inspirés.
  5. Avec les autres Apôtres, fournir le leadership pour toutes les églises du monde connu à l'époque.

Si vous aviez toutes ces responsabilités et sachiez que vous allez bientôt mourir, que feriez-vous ?

Les historiens disent que Pierre était à Rome en 67 après J.-C. et qu'il fut saisi dans la persécution des chrétiens. Certains disent qu'il a finalement été exécuté, crucifié la tête en bas. Peu importe la manière dont il est mort, il savait que sa fin était proche et il a réussi à écrire une dernière lettre aux églises avant son exécution. C'était son dernier sermon, sa dernière occasion de s'adresser aux frères, de leur enseigner, et cette lettre contient ce que l'Esprit Saint l'a guidé à écrire.

Il faut grandir spirituellement ou mourir

La chose qu'il voulait leur rappeler était celle-ci : comme chrétien, ils devaient grandir spirituellement ou ils mourraient.

Il leur rappelle que le christianisme est un processus, un voyage, une transformation nécessaire. Au chapitre 1, versets 1 à 11 de sa deuxième épître, il décrit les changements qui doivent prendre place, non seulement pour compléter le voyage, mais aussi pour confirmer que les chrétiens sont effectivement sur la bonne voie.

1Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus Christ, à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre, par la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus Christ :

Il se présente d'abord et établit sa relation à ses lecteurs.

Il est un Apôtre (un messager spécial) de Jésus Christ. Plusieurs sont messagers (les évangélistes, les missionnaires), mais seulement ceux qui avaient été choisis par Jésus comme témoins de Son baptême et de Sa résurrection pouvaient être appelés Apôtres (à l'exception de Paul).

Les Apôtres avaient reçu un appel spécial, par Jésus Lui-même ; une expérience spéciale, ils avaient été avec Jésus tout au long de Son ministère ; une tâche spéciale, témoins de Sa résurrection par des miracles ; une autorité spéciale, leurs lettres étaient inspirées par Dieu.

Notez qu'il utilise aussi le mot « serviteur » en référence à lui-même, un terme qui démontre une grande humilité devant le Seigneur. Oui, il est un Apôtre spécial avec une autorité et des dons particuliers, mais tout cela signifie qu'il est esclave de Jésus Christ et non quelqu'un qui s'estime supérieur aux autres.

Pierre décrit ses lecteurs comme des gens qui sont en fait comme lui et les autres Apôtres, qui ont été sauvés à cause de la grâce de Dieu par la foi en Jésus Christ. Même s'il a eu un rôle particulier et des responsabilités spéciales dans l'église, il est connecté aux autres comme tous les chrétiens sont connectés les uns aux autres. Tous étaient pécheurs et ont été sauvés par la foi au Christ, rendue possible par la bonté et la justice de Dieu.

Aux versets suivants (2-4), Pierre offre une bénédiction et explique comment la recevoir.

2que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur!

Le mot « grâce » englobe toutes les bonnes choses que Dieu donne à Son peuple (Ses faveurs). La paix est le sentiment et la condition de celui qui reçoit la grâce de Dieu. Pierre dit que cette combinaison de bénédictions et la joie qui en résulte augmenteront en proportion du degré où quelqu'un en vient à connaître Dieu et Son Fils Jésus Christ. Cette « connaissance » n'est pas superficielle mais dénote une compréhension précise ou exacte.

3Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu,

Les êtres humains ne peuvent connaître Dieu qu'au degré où Il se révèle Lui-même. Par exemple, nous pouvons reconnaître que Dieu est créatif, puissant et sage à partir de ce qu'Il a créé. Mais la création ne révèle pas ce qu'Il pense, ce qu'Il attend de l'homme, ce que le future sera ni ce qu'est le monde spirituel. Cette connaissance n'est disponible que si Dieu la révèle à l'homme. L'homme ne peut connaître Dieu, et par conséquent faire l'expérience des bénédictions et de la paix qui en découlent, qu'au degré où Dieu le permet. Jésus a dit que l'essence de la vie éternelle était de … « connaître Dieu et Son Fils Jésus Christ » (Jean 17.3).

À ce sujet, Pierre dit que Dieu S'est ouvert complètement en permettant la « vraie connaissance, » et celle-ci a été rendue possible par l'évangile (qu'il identifie comme « l'appel ») et l'apparence de Jésus Christ (« sa propre gloire et sa vertu »).

Ce que Pierre dit ici est que la vie et la piété qui viennent de la véritable connaissance de Dieu sont désormais accessibles parce que Dieu S'est révélé complètement par Jésus Christ. Donc, si la grâce et la paix augmentent à mesure que nous connaissons Dieu, il s'agit là d'une bonne nouvelle : Dieu nous permet de le connaître complètement.

Au verset 4, il résume et explique la véritable nature des bénédictions et de la paix mentionnés au verset 2.

4lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise,

En se révélant Lui-même, Dieu nous a donné la véritable connaissance. Celle-ci nous donne accès à la piété et à la vie spirituelle. Ces bienfaits nous rendent capables d'échapper à la condamnation qui attend ceux qui demeurent ignorants de Dieu, corrompus par le péché et attachés à ce monde (nous ne sommes pas ici-bas pour réchapper la terre mais pour appeler l'homme à se sauver de ce monde qui périt). Autrement dit, connaître Dieu et le Christ est un grand bienfait parce que cette connaissance nous permet d'échapper à la destruction imminente de ce monde et de ce qui en fait partie.

Aux sept versets qui suivent (5-11), Pierre explique comment cette connaissance de Dieu et du Christ est développée à travers un effort coopératif qui implique Dieu, le Christ et l'individu. Voici comment :

  1. Dieu crée l'univers et l'homme, puis met tout en mouvement. L'harmonie est parfaite jusqu'à ce que l'homme pèche. À cause de sa désobéissance, l'homme perd sa connaissance et sa relation avec Dieu, et est condamné à souffrir et à mourir avec le monde physique.
  2. Le Christ vient sur terre pour expier les péchés de l'homme, lui permettre d'être réconcilié à Dieu et le sauver de la destruction et de la mort.
  3. L'homme répond à Dieu en croyant au Christ, retrouvant ainsi la connaissance et la relation qu'il a perdue à cause du péché. Il peut désormais anticiper une vie éternelle avec Dieu dans le nouveau monde que Dieu a préparé pour tous ceux qui croient.

Aux versets 5 à 11, Pierre décrit la part de l'homme dans la connaissance de Dieu, et comment cela affecte sa vie et son salut. Il explique le processus de croissance qui mène à une connaissance grandissante de Dieu.

5à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science ,6à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, 7à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité.

Il dit que ce processus commence par les efforts attentifs, l'engagement et la détermination à la progression même. On ne peut connaître Dieu si l'on est tiède envers Lui.

Or sans la foi il est impossible de lui être agréable; car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
- Hébreux 11.6

Après avoir établi l'attitude nécessaire, Pierre liste sept paires de vertus qui mènent à une meilleure connaissance de Dieu lorsqu'on les poursuit, et qui produisent en retour la paix et la joie en nous.

  1. La foi et la vertu (excellence morale) – Le processus commence par la foi en Dieu et en ce qu'Il dit, puis continue naturellement par l'obéissance à ce qu'Il dit. La foi grandit et est confirmée quand l'individu commence à vivre selon ce qu'il croit.
  2. La vertu et la science (connaissance) – Il faut ajouter la connaissance à une vie bonne et pure (il ne s'agit pas là de la connaissance de Dieu mais d'un mot différent). Cette connaissance est l'information, la sagesse, la connaissance de soi-même, de son monde et de la Parole de Dieu. Pierre ne parle pas de la capacité d'être bon mais de la capacité d'appliquer la parole de Dieu à toutes les situations dans la vie. Cela nécessite connaissance et maturité.
  3. La science et la tempérance (contrôle de soi) – Un individu sage devient prudent. Un individu averti commence à comprendre la nature de l'ennemi et sa force ; il comprend aussi que de se contrôler, de contrôler sa langue et ses pensées, est la meilleure manière de maintenir la foi et la vertu.
  4. La tempérance et la patience – Une fois que les rudiments de la marche chrétienne sont maîtrisés (foi en Dieu, vertu, connaissance, contrôle de soi), la clé est de continuer dans ces vertus peu importe ce qui arrive. Plusieurs apprennent à connaître la foi et sont heureux d'être libérés des péchés qui détruisent leur vie; ils aiment connaître Dieu davantage mais abandonnent la foi aussitôt qu' il leur faut faire face à l'adversité, à la persécution, à la douleur ou à quelque dérangement. Pierre dit qu'il faut cultiver la capacité de persévérer dans les choses déjà apprises, dans les habitudes déjà acquises.
  5. La patience et la piété – C'est là le point de transformation où le nouvel homme devient plus évident. Beaucoup de gens sont sages, prudents et persévèrent pour différentes raisons (leur entraînement, leur idéalisme ou leur volonté), mais seulement ceux qui développent ces qualités dans un contexte chrétien commencent à démontrer la piété dans leur vie. J'appelle ce point dans le développement chrétien, le « décollage spirituel. » C'est un peu comme un avion qui prend vol. Pendant un certain temps, un avion se déplace sur la piste en demeurant au sol. À une certaine vitesse toutefois, les roues quittent le sol et l'avion prend son envol… De la même manière, les chrétiens qui commencent leur marche avec le Christ ressemblent souvent à ceux qui sont autour d'eux, ils sont encore « au sol » pour ainsi dire. Toutefois, à mesure qu'ils grandissent dans le processus que Pierre explique, ils cultivent graduellement la vertu de la piété, et c'est alors qu'ils « décollent. » La piété signifie être plus comme Dieu que comme un humain ; être plus comme Jésus que comme vous-même ; appartenir plus à l'église qu'à ce monde. Le processus de régénération commence dès lors à être visible extérieurement. C'est l' « envol » spirituel.
  6. Piété et amour fraternel – Jésus a dit que le signe certain des disciples était leur amour les uns pour les autres (Jean 13.35). Celui qui connaît Dieu comprend qu'Il a envoyé Jésus pour mourir afin d'établir l'église. Dieu aime l'église et ceux qui Le connaissent aiment aussi l'église. Pour Dieu, l'église est la chose la plus importante. Ne pas aimer l'église, la dénigrer, l'ignorer ou en minimiser l'importance, lui être infidèle sont là les signes que quelqu'un ne connaît pas beaucoup Dieu. La tête de l'église est le Fils de Dieu, Jésus Christ. Être pieux c'est aimer ceux qui font partie de Son corps, l'église.
  7. Amour fraternel et la charité – Aimer ceux qui aiment le Seigneur est un signe que vous connaissez le Seigneur. Aimer ceux qui détestent le Seigneur, qui vous détestent, qui détestent l'église, est non seulement un signe que vous connaissez le Seigneur, c'est un signe que vous aimez comme Il aime. Notre connaissance de Dieu n'est véritable que lorsque nous commençons à aimer comme Il l'a fait, et que nous sommes prêts à donner nos vies pour les autres, même pour ceux qui nous détestent, tout comme Il l'a fait. L'amour chrétien, la charité, est le signe certain qu'en autant que c'est possible dans cette faible chair, notre connaissance de Dieu est complète et que nous jouissons des bénédictions et de la paix que Dieu donne à tous ceux qui aiment comme Il a aimé.
8Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ.9Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés.

Pierre répète ici son idée primaire. La manière de connaître Dieu et de jouir des bienfaits du salut est de continuer à croître ou à développer ces vertus. À cela, il ajoute une deuxième pensée : ignorer ces choses ou ne pas s'y dédier est une folie et un signe que quelqu'un oublie la bonté de Dieu qui l'a pardonné le premier.

Versets 10-11, un mot d'encouragement final :

10C'est pourquoi, frères, appliquez-vous d'autant plus à affermir votre vocation et votre élection; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais.11C'est ainsi, en effet, que l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera pleinement accordée.

… Si quelqu'un se concentre sur ces choses…

  1. Il sera sûr, confiant et sécure de son salut, sans culpabilité, peur de la mort ou crainte du jugement parce qu'il est certain qu'il ira au paradis. La connaissance de Dieu donne une grande sécurité.
  2. Il péchera de moins en moins. Le péché cause du trouble, du chagrin, de l'inquiétude et de la douleur. Celui qui est diligent dans ces choses péchera moins et ne perdra pas la foi, évitant ainsi de trébucher et de s'éloigner du Christ.
  3. Il grandira dans sa connaissance de Dieu et de Son Fils Jésus (« l'entrée dans le royaume éternel »). La transformation subie est le processus de transition de la terre au paradis dont l'étape finale se produit à la mort.

Pierre dit que ceux qui pratiquent ces vertus feront l'expérience d'une transition accélérée du terrestre au céleste. Ils commenceront à faire l'expérience du paradis avant d'y être réellement transportés.

Sommaire

Évidemment, Pierre ne fait pas ici de philosophie ni ne s'adonne-t-il à une spéculation théologique. Il s'adressait à de vraies personnes au sujet de leur vie spirituelle et de comment la développer. L'application pratique dans notre vie est de déterminer où nous en sommes dans ce processus. Sommes-nous au tout début, nous débattant avec les questions préliminaires de la foi et de la morale, du baptême, de l'abandon de nos mauvaises habitudes, de l'assiduité à l'assemblée ? Ou sommes-nous plus avancé dans ce processus, persévérant dans le leadership, nous efforçant de maintenir une image vertueuse dans un monde pervers ?

Où que nous en soyons, cette leçon est un rappel que :

  1. Nous devons être diligent dans nos efforts de croître spirituellement. Ce n'est pas facile mais nécessaire. Pierre enseigne que sans croissance, c'est la mort.
  2. La croissance suit le patron que Pierre décrit ici. Nous pouvons savoir où nous en sommes.
  3. Le but ultime est d'aimer comme Jésus a aimé. Dieu est amour et Le connaître c'est L'aimer.
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