Series:   Genèse

Juda et Tamar

By: Mike Mazzalongo     Posted: novembre 2014
L'histoire de la famille de Jacob se concentre sur un fils en particulier, Juda à travers qui le Messie viendra éventuellement, et examine sa relation inhabituelle avec sa bru Tamar.

Notre leçon précédente marquait le début des écrits de Joseph, le dernier auteur de la Genèse. Il y relatait son histoire en tant que jeune homme orgueilleux et ambitieux, détesté et presque tué par ses frères au point où ils l'ont vendu en esclavage en Égypte.

Nous avons vu comment Dieu l'a béni avec des dons spirituels qu'il n'a d'abord pas su bien utiliser et qui l'ont séparé de ses frères.

Cela prépare la scène pour le dernier épisode de la Genèse qui sera l'établissement des enfants d'Israël (Jacob) en Égypte où ils seront réduits à l'esclavage.

Le livre suivant, l'Exode, racontera l'histoire de la délivrance des Israélites par Dieu et de leur cheminement vers la Terre Promise. Prenons d'abord un court détour alors que la narration quitte Joseph pendant un chapitre et nous donne un aperçu de la vie de son frère par lequel le Messie viendra.

L'histoire de Juda

1En ce temps-là, Juda s'éloigna de ses frères, et se retira vers un homme d'Adullam, nommé Hira. 2Là, Juda vit la fille d'un Cananéen, nommé Schua; il la prit pour femme, et alla vers elle. 3Elle devint enceinte, et enfanta un fils, qu'elle appela Er. 4Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, qu'elle appela Onan. 5Elle enfanta de nouveau un fils, qu'elle appela Schéla; Juda était à Czib quand elle l'enfanta.

Après l'incident avec Joseph, Juda décide de quitter l'enceinte familiale. Il prend une femme sans consulter Dieu ni son père Jacob.

Cette femme est une Cananéenne, une païenne, et d'après les actions de ses fils, il semble qu'elle ne s'est probablement jamais convertie à l'adoration à l'Éternel. Ensemble ils ont eu trois fils:

  • ER – le gardien ou guetteur, nommé par Juda
  • ONAN – fort, nommé par sa mère
  • SCHÉLA – de sens incertain, aussi nommé par sa mère.

Le fait que la mère ait nommé les deux derniers enfants suggère une influence grandissante de la mère dans le foyer étant donné que c'était normalement le père qui nommait les enfants. (Il en a été de même avec Jacob dont les femmes avaient nommé les enfants et avaient eu une énorme influence sur Jacob).

6Juda prit pour Er, son premier-né, une femme nommée Tamar. 7Er, premier-né de Juda, était méchant aux yeux de l'Éternel; et l'Éternel le fit mourir. 8Alors Juda dit à Onan: Va vers la femme de ton frère, prends-la, comme beau-frère, et suscite une postérité à ton frère. 9Onan, sachant que cette postérité ne serait pas à lui, se souillait à terre lorsqu'il allait vers la femme de son frère, afin de ne pas donner de postérité à son frère. 10Ce qu'il faisait déplut à l'Éternel, qui le fit aussi mourir.

Bien que Juda ait choisi sa femme sans l'aide de Dieu ou de Jacob, il semble reconnaître la folie de cette décision et il veut assurer un meilleur arrangement pour son propre fils.

On ne sait de Tamar que son nom (son nom signifie se tenir droit, un palmier) et le fait que Juda l'ait choisie suggère qu'elle était une femme de principe et de force dans un environnement païen.

Il semble que son influence païenne ait toutefois déteint sur Er qui est un homme méchant. Dieu le fait mourir avant qu'il ne fasse partie de la généalogie messianique à travers Juda. Le fait que Dieu n'ait pas fait mourir Tamar est un témoignage en sa faveur.

Après la mort de Er, Juda pousse Onan, son deuxième fils, à prendre la responsabilité de perpétuer la lignée de son frère aîné en épousant sa veuve. Cela s'appelait la réglementation du lévirat (du Latin levir signifiant beau-frère). C'était une ancienne coutume qui servait à protéger les droits fonciers et de propriété au sein des familles. Si un frère mourait sans enfants, le parent le plus proche épousait la veuve. En ce qui concerne les droits de succession, le premier enfant mâle appartenait au mort et il en portait le nom. Les enfants suivants appartenaient légalement au nouveau père.

Onan ayant vu le résultat de la méchanceté de son frère accepte mais en fin de compte, il refuse de produire des enfants pour son frère (il craint d'avoir à partager sa propriété avec l'enfant de son frère). Il a des rapports sexuels mais il interrompt la conception; pour cette rébellion, Dieu le fait mourir lui aussi.

  • Le terme ONANISME était souvent utilisé pour désigner la masturbation et ce passage a souvent été utilisé pour montrer que cette pratique était péché.
  • Ce passage concerne toutefois l'obéissance à Dieu et la punition que la désobéissance amène. La Bible ne commente pas directement au sujet des questions sexuelles de masturbation, de contrôle des naissances ou des pratiques sexuelles à l'intérieur du mariage. Les principes qui nous guident dans ce domaine incluent la fidélité (Hébreux 13.4), le respect mutuel et la coopération (1 Corinthiens 7.3-7) et la décence chrétienne (1 Thessaloniciens 4.4).

Pour prouver un point en utilisant la Bible, il est important que ce soit le point même que fait la Bible. Il ne faut pas lui faire dire ce que nous voulons en l'utilisant de manière incorrecte et hors contexte.

11Alors Juda dit à Tamar, sa belle-fille: Demeure veuve dans la maison de ton père, jusqu'à ce que Schéla, mon fils, soit grand. Il parlait ainsi dans la crainte que Schéla ne mourût comme ses frères. Tamar s'en alla, et elle habita dans la maison de son père. 12Les jours s'écoulèrent, et la fille de Schua, femme de Juda, mourut. Lorsque Juda fut consolé, il monta à Thimna, vers ceux qui tondaient ses brebis, lui et son ami Hira, l'Adullamite.

Tamar vivait avec Juda et ses fils mais pour éviter d'autres ennuis, il la renvoie chez son père. Il promet d'envoyer son plus jeune fils pour l'épouser quand il sera assez vieux mais il craint de le faire en considérant ce qui est arrivé à ses autres fils.

Entretemps sa femme meurt et après une période de deuil, il va à une tonte de brebis avec ses amis. Cela suggère qu'il n'était peut-être pas dans un chagrin terrible étant donné que le temps de la tonte était habituellement accompagné d'un festival et que Juda planifiait d'y participer avec ses amis.

13On en informa Tamar, et on lui dit: Voici ton beau-père qui monte à Thimna, pour tondre ses brebis. 14Alors elle ôta ses habits de veuve, elle se couvrit d'un voile et s'enveloppa, et elle s'assit à l'entrée d'Énaïm, sur le chemin de Thimna; car elle voyait que Schéla était devenu grand, et qu'elle ne lui était point donnée pour femme. 15Juda la vit, et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait couvert son visage. 16Il l'aborda sur le chemin, et dit: Laisse-moi aller vers toi. Car il ne connut pas que c'était sa belle-fille. Elle dit: Que me donneras-tu pour venir vers moi? 17Il répondit: Je t'enverrai un chevreau de mon troupeau. Elle dit: Me donneras-tu un gage, jusqu'à ce que tu l'envoies? 18Il répondit: Quel gage te donnerai-je? Elle dit: Ton cachet, ton cordon, et le bâton que tu as à la main. Il les lui donna. Puis il alla vers elle; et elle devint enceinte de lui. 19Elle se leva, et s'en alla; elle ôta son voile, et remit ses habits de veuve.

Juda avait originalement contracté pour Tamar d'être dans la famille et de continuer la lignée. Elle avait été consentante et avait peut-être même commencé à adorer le Dieu de Juda mais on lui refusait maintenant sa place légitime.

Son plan était de tromper son beau-père afin de perpétuer la lignée familiale:

  • C'est peut-être moins par désir de continuer la famille que par crainte d'être rejetée complètement.
  • Elle était deux fois veuve du fait que Dieu avait tué ses maris, et on lui avait nié le troisième, alors son futur était sombre.
  • Elle peut aussi avoir ressenti un droit de continuer la lignée malgré la méthode.

Elle se déguise en "prostituée du temple" plutôt qu'en prostituée ordinaire (c'est rendu évident par le mot utilisé plus tard pour la décrire comme une "mise à part", le terme pour une prostituée du temple).

La prostitution du temple était une occupation respectable dans la société cananéenne et plusieurs femmes du village prenaient leur tour pour servir au temple comme une manière de faire une offrande à leur propre dieu ou déesse.

Sans en excuser la pratique, cela nous donne un aperçu de la pensée de Tamar qui ne le faisait pas par désir ni pour de l'argent mais comme une partie normale de ses pratiques culturelles.

Pour Juda c'était une histoire différente. Il connaissait ce qui concernait les dieux étrangers, la prostitution et la fornication. Encore une fois il ne consulte ni Dieu ni son père pour trouver une nouvelle femme. Il laisse les passions suscitées par les activités du festival et sa solitude le rendre vulnérable à ce genre de situation.

Juda laisse des possessions personnelles comme promesse de paiement pour les services de la prostituée. Leur union produira un enfant. Le fait que Tamar retourne chez-elle confirme que ses actions n'étaient pas motivées par la cupidité ou la luxure mais plutôt par le désespoir.

Une foi faible mène les gens à faire des choses insensées et désespérées plutôt que de faire confiance à Dieu pour de l'aide.

20Juda envoya le chevreau par son ami l'Adullamite, pour retirer le gage des mains de la femme. Mais il ne la trouva point. 21Il interrogea les gens du lieu, en disant: Où est cette prostituée qui se tenait à Énaïm, sur le chemin? Ils répondirent: Il n'y a point eu ici de prostituée. 22Il retourna auprès de Juda, et dit: Je ne l'ai pas trouvée, et même les gens du lieu ont dit: Il n'y a point eu ici de prostituée. 23Juda dit: Qu'elle garde ce qu'elle a! Ne nous exposons pas au mépris. Voici, j'ai envoyé ce chevreau, et tu ne l'as pas trouvée.

Malgré sa faiblesse, Juda tient parole et il veut remplir son engagement. Peut-être se sent-il honteux de ses actions alors il envoie son ami trouver Tamar mais celui-ci ne la trouve pas.

24Environ trois mois après, on vint dire à Juda: Tamar, ta belle-fille, s'est prostituée, et même la voilà enceinte à la suite de sa prostitution. Et Juda dit: Faites-la sortir, et qu'elle soit brûlée. 25Comme on l'amenait dehors, elle fit dire à son beau-père: C'est de l'homme à qui ces choses appartiennent que je suis enceinte; reconnais, je te prie, à qui sont ce cachet, ces cordons et ce bâton. 26Juda les reconnut, et dit: Elle est moins coupable que moi, puisque je ne l'ai pas donnée à Schéla, mon fils. Et il ne la connut plus.

Juda s'indigne à la nouvelle de sa grossesse et il la juge.

  • Elle est encore sous son autorité.
  • Techniquement elle est fiancée à son fils.
  • Elle est veuve de ses autres fils.
  • Elle fait honte à sa famille en amenant l'enfant d'un autre homme dans sa famille.

Il est peut-être secrètement heureux de s'en débarrasser et d'éviter le dilemme d'avoir son troisième fils refuser de l'épouser (et des problèmes que cela causerait avec sa famille). Mais il apprend la vérité!

Juda démontre une certaine partie du caractère que Dieu a vu en lui pour lui accorder l'honneur d'être la ligne par laquelle le Messie viendra: il dit la vérité sur son implication avec elle plutôt que de la nier; il confesse la vraie faute; il l'absout aussi de blâme et de culpabilité en reconnaissant que c'est elle qui a agi justement et non pas lui.

  • La méthode de Tamar était une tromperie mais elle était juste moralement en réclamant ce qui lui appartenait à juste titre.
  • Juda reconnaît que ce sont ses actions à lui qui ont poussé Tamar à agir comme elle l'a fait.

Il fait bien en n'ayant plus de relations sexuelles avec Tamar mais il reconnaît ses enfants comme les siens pour leur héritage et leur nom, comme la Loi le demande.

27Quand elle fut au moment d'accoucher, voici, il y avait deux jumeaux dans son ventre. 28Et pendant l'accouchement il y en eut un qui présenta la main; la sage-femme la prit, et y attacha un fil cramoisi, en disant: Celui-ci sort le premier. 29Mais il retira la main, et son frère sortit. Alors la sage-femme dit: Quelle brèche tu as faite! Et elle lui donna le nom de Pérets. 30Ensuite sortit son frère, qui avait à la main le fil cramoisi; et on lui donna le nom de Zérach.

Un court résumé décrit ses jumeaux et le parallèle peu commun entre eux et la lutte de Jacob et d'Ésaü dans les générations passées.

Nous savons que les deux frères et aussi Schéla, le troisième fils de Juda, se sont mariés et ont eu des familles nombreuses. Plus tard dans les généalogies, Pérets, qui est apparu en deuxième mais qui est sorti le premier, est l'ancêtre de David, à travers qui est venu le Christ.

Cela met fin au chapitre qui montre comment Juda a engendré l'enfant qui l'a ultimement lié à la naissance du Christ.

Le chapitre suivant reprend l'histoire de Joseph et de son temps en Égypte et nous amène à la fin de ce premier livre de la Bible.

Leçons

1. Les enfants sont influencés par les deux parents

Juda avait la vue courte et sous-estimait l'influence de sa femme sur sa famille.

L'argument pour épouser un chrétien devient très important, surtout en ce qui concerne les enfants. Malheureusement les jeunes gens ne voient pas si loin en avant, ils ne considèrent que leur relation présente et non pas celles qui existeront dans l'avenir. Il est important de les encourager à épouser des chrétiens, mais dans les cas où ils ne le font pas, les parents doivent aider à fournir une influence chrétienne dans les vies de leurs petits-enfants.

On note que le nom de Jacob n'est mentionné nulle part ici.

2. Dieu peut faire que toutes choses concourent au bien

Je l'ai mentionné dans la leçon précédente mais ça vaut la peine de le répéter:

Dieu a choisi Juda pour continuer la lignée; son pauvre jugement et sa faiblesse; ses fils rebelles; sa femme païenne; l'impuissance et le plan trompeur de Tamar... et pourtant Dieu a réussi à faire en sorte que tous ces éléments négatifs travaillent ensemble pour accomplir Son dessein.

  • Les méchants sont quand même jugés.
  • Les faibles souffrent quand même les conséquences de leurs erreurs.

Le plan de Dieu ne sera pas contrecarré, même par notre mauvais jugement et nos erreurs.

Cela devrait nous donner la confiance de continuer quand nous ne sommes pas certains; de persévérer même quand nous faisons des erreurs; de maintenir notre espérance de salut même quand les évidences autour de nous semblent indiquer que nous échouerons. Le plan de Dieu est d'amener les fidèles au ciel et Il l'accomplira quoi qu'il arrive.

3. Ce n'est pas qui nous sommes, c'est qui Dieu fait de nous

Il est intéressant de noter que seulement quatre femmes sont mentionnées dans la généalogie de Jésus:

  • TAMAR – une Cananéenne qui a amené son beau-père à coucher avec elle par tromperie
  • RAHAB – une prostituée qui a caché les espions juifs
  • RUTH – une Moabite qui a persuadé Boaz, un Juif, de l'épouser.
  • BATH SHÉBA – une Hittite avec qui David a commis l'adultère.

Aucune d'entre elles n'était juive, elles sont toutes sont entrées dans la lignée messianique dans des circonstances douteuses mais elles ont été transformées par des hommes qui croyaient en Dieu.

  • Tamar s'est attachée à la promesse de Juda d'appartenir à la nation israélite par le mariage et la maternité.
  • Rahab a abandonné la prostitution et épousé Salmon après que les Juifs ont capturé Jéricho.
  • Ruth a suivi sa belle-mère Naomi et adopté sa foi, ce qui l'a conduite à Boaz et à son mariage avec lui.
  • Bath Schéba est devenu une influence-clé en s'assurant que Salomon devienne roi après David, garantissant l'unité d'Israël à cette époque.

À cause de leur conversion et de leur foi, Dieu a utilisé ces femmes païennes d'une manière puissante pour préserver la lignée par laquelle Jésus est venu.

Il y a de l'espoir pour ceux qui ont des partenaires incroyants, il y a de l'espoir pour ceux qui ont un passé questionable. Dieu peut faire de n'importe qui des serviteurs valables, peu importe leur passé, et leur donner un futur glorieux. Ces femmes en sont la preuve.

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