Sans la grâce, pas d'évangile
Beaucoup de croyants ont une vue erronée de ce que la grâce signifie et de ce qu'elle produit. Révisons quelques-unes des erreurs les plus fréquentes quant à cet élément important de la foi chrétienne.
Ce que la grâce n'est pas :
1. La grâce n'est pas une ligne de démarcation
Certains croient que la grâce est une démarcation entre le salut et la perdition. Ils raisonnent que s'ils sont du bon côté de la ligne, ils sont couverts par la grâce (la grâce commence à cette ligne) et s'ils sont de l'autre côté, ils n'ont pas la grâce et sont perdus. Plusieurs utilisent cette imagerie pour expliquer le sens de 1 Jean 1.5-10.
5La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en lui de ténèbres. 6Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité. 7Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché.
- 1 Jean 1.5-7
Ils croient que de marcher dans la lumière, c'est être du "bon côté » de la grâce.
8Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous. 9Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. 10Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n'est point en nous.
- 1 Jean 1.8-10
Si nous suivons cette idée erronée, quand nous péchons nous sommes du mauvais côté de la ligne et devons confesser nos péchés et être restaurés « du bon côté » de la grâce.
Le problème ici est qu'en considérant notre faiblesse et la facilité avec laquelle nous péchons, nous pouvons facilement nous trouver du « mauvais côté » au moment de la mort… et nous devenons anxieux. Nous serions moins inquiets si nous reconnaissions que Jean parle ici d'hypocrisie et du jugement de Dieu envers elle. Il ne parle pas d'une ligne.
Si l'on professe être chrétien, notre vie (notre marche dans la lumière) en portera l'évidence et les péchés commis seront pardonnés (v. 7b). Les deux situations sont simultanées.
Marcher dans la lumière ne signifie pas être sans péché. Cette expression fait référence à une relation (marcher) et à une prise de conscience (la lumière). C'est la relation consciente que nous avons avec Dieu à travers notre union avec le Christ exprimée par la repentance, le baptême et la fidélité. C'est la prise de conscience continue de notre besoin du Christ comme sauveur, nous avons besoin de Son sang pour nous laver. C'est pourquoi Jean écrit que de nier nos péchés et notre besoin du Christ nous rend insensés et menteurs.
Jean nous rappelle que nous sommes et serons toujours pécheurs mais que si nous en demeurons conscients, et faisons confiance à Dieu pour Sa miséricorde continue, nous serons sauvés : nous marchons dans la lumière.
Marcher dans la lumière ne signifie pas être sans péché mais plutôt demeurer conscients de notre situation.
2. La grâce n'est pas un thermomètre
Voici une autre idée dont j'ignore l'origine : nous fournissons une partie de ce qui est nécessaire à l'obtention du salut et Dieu fournit le reste, et c'est là la grâce. Cette imagerie est basée sur l'idée erronée que nous pouvons contribuer quelque chose en échange pour notre salut et que Dieu fournit le reste.
En réalité, nous ne fournissons rien. Notre rôle est d'accepter le pardon à travers la foi exprimée par la repentance et le baptême. Il ne s'agit pas d'un échange mais de l'expression de notre foi.
Or, c'est par lui que vous êtes en Jésus Christ, lequel, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse, justice et sanctification et rédemption,
- 1 Corinthiens 1.30
Le Christ devient pour nous tout ce dont nous avons besoin pour être réconciliés à Dieu, et nous sommes réconciliés par notre association au Christ. Ce qui arrive au baptême est le début de notre association au Christ et en même temps les avantages qui en découlent : la vie éternelle, le Saint Esprit, la vertu, etc.
lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris.
- 1 Pierre 2.24
Nous confondons souvent la repentance et la restitution. L'élément de restitution (le remboursement) pour notre salut a été accompli par le Christ. Nous ne contribuons rien à cette fin. Que nous péchions avant de devenir chrétien ou après, Jésus en paie le prix à Dieu par Sa croix. Certains pensent qu'après le baptême nous devons continuer à payer pour nos péchés mais nulle part ne voyons-nous cet exemple ou cet enseignement dans la Bible.
Peut-être devons-nous repayer le gouvernement*, un ami, un(e) époux(se), mais nous ne pouvons repayer Dieu.
La repentance est un changement d'attitude envers le péché, envers la manière dont nous nous conduisons, envers ce que nous croyons, mais ce n'en est pas le remboursement.
À l'échelle du thermomètre, Jésus supplée tout ce dont nous avons besoin pour être sauvés. Il accomplit 100% de la restitution envers Dieu. Vous avez volé ? Il repaie. Vous avez eu un avortement ? Il repaie. Vous avez échoué dans votre mariage ? Il repaie. Vous avez abandonné l'Église ? Il repaie. C'est là la BONNE NOUVELLE de l'évangile.
* Aller en prison pour vol peut repayer la société pour avoir volé, mais notre temps d'incarcération ne compte nullement comme remboursement envers Dieu pour notre dette morale pour ce péché. Seul le Christ peut repayer moralement pour nos péchés par la croix.
3. La grâce n'est pas une passe gratuite
Certains pensent que la grâce est un privilège spécial pour pécher sans conséquences. Comme si Dieu est notre camarade et qu'Il nous laisse nous amuser dans le péché et les bas standards de moralité ou d'éthique parce que nous sommes Ses enfants et qu'Il tolère nos faiblesses (comme les pères humains).
Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ?
- Romains 6.1
Paul dispute une forme de pensée où certains croyaient que si la grâce augmentait toujours pour couvrir le péché, alors on ne devrait pas s'inquiéter de continuer à pécher parce que plus on pèche, plus la grâce abonde.
Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ?
- Romains 6.2
Il explique que ceux qui jouissent de la grâce sont morts au péché plutôt que de vivre pour lui (le péché).
14Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l'ignorance. 15Mais, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit : 16Vous serez saints, car je suis saint.
- 1 Pierre 1.14-16
Pierre rappelle aux chrétiens que Dieu a certaines attentes de Son peuple et de sa conduite, et que la grâce est ce qui motive et produit cette conduite. La grâce n'est par conséquent pas une excuse pour la tiédeur, la mondanité, l'indifférence au péché, les pratiques de culte, l'organisation de l'Église et les questions de doctrines non bibliques. La grâce n'est pas une excuse, au contraire, elle est une raison d'être plus fervent, plus zélé et plus prudent que jamais.
Qu'est-ce que la grâce ?
Examinons ce mot et sa signification, une définition, puis quelques exemples pour observer la grâce en action dans la vie des gens.
La signification du mot dans l'Ancien Testament
Dans l'Ancien Testament, chaque fois que le mot « grâce » est utilisé, il vient d'un mot qui signifie « plier » ou « se baisser ». L'application en est de s'accroupir par bonté (comme motivation) pour quelqu'un ou quelque chose d'inférieur, ayant pour résultats faveurs ou bienfaits. Par exemple, en Genèse 6.8 : « Mais Noé trouva grâce aux yeux de l'Éternel. »
Signification du mot dans le Nouveau Testament
Le mot traduit « grâce » dans le Nouveau Testament commence différemment mais finit avec la même signification. La racine du mot fait référence à une attitude joyeuse. Son application exprime la bonté (l'expression d'un cœur joyeux, des faveurs, des bienfaits) :
- « Or, l'enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » - Luc 2.40
- « Lorsqu'il fut arrivé (Barnabas), et qu'il eut vu la grâce de Dieu, il s'en réjouit, » - Actes 11.23
- « Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce. » - Galates 5.4
Le mot fait toujours référence à une faveur, soit à une attitude ou à son résultat.
Définition
Le mot grâce fait référence à deux choses :
- Le caractère de Dieu. Entre autres, Il est gracieux (bon et joyeux). Cela Le motive à créer et à bénir.
- Les bienfaits qu'Il nous a donnés, spécialement le salut par la foi.
21Mais maintenant, sans la loi est manifestée la justice de Dieu, à laquelle rendent témoignage la loi et les prophètes, 22justice de Dieu par la foi en Jésus Christ pour tous ceux qui croient. Il n'y a point de distinction. 23Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; 24et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus Christ.
- Romains 3.21-24
Non seulement le salut. Il aurait pu nous exterminer, Il aurait pu donner le salut uniquement par la restitution (la Loi). Mais à cause de Sa bonté et de Sa joie, Il offre le salut basé sur notre association avec le Christ (qui a gagné notre salut par la restitution ou la parfaite obéissance à la Loi). Il l'a fait afin que nous n'ayons pas à le faire.
La grâce donc, n'est ni une ligne de démarcation, ni un thermomètre ni une passe gratuite, c'est une faveur que Dieu, dans Sa bonté, nous accorde.
En nous associant avec Jésus à travers la foi exprimée par la repentance, le baptême et la fidélité, nous recevons le statut-même dont Il jouit, la vie éternelle sans péché et comme fils. C'est là une faveur parce que nous ne pourrions l'atteindre d'aucune autre manière, Dieu Seul peut l'offrir.
Exemples de grâce en action
1. David et Bath Schéba – 2 Samuel 11
Dans cette histoire, le Roi David séduit la femme de l'un de ses officiers militaires et elle devient enceinte. Pour couvrir cette faute, David fait tuer cet homme. Il ment à la nation sur laquelle Dieu l'a fait roi pour couvrir cette liaison. Selon la Loi il aurait dû être condamné à mort ! C'était la restitution requise.
David dit à Nathan : J'ai péché contre l'Éternel ! Et Nathan dit à David : L'Éternel pardonne ton péché, tu ne mourras point.
- 2 Samuel 12.13
David a fait une simple déclaration à Nathan (son repentir) et a obtenu une réponse simple (le pardon). David a souffert socialement et émotionnellement à la suite de ses péchés, mais Dieu, dans Sa grâce, lui a pardonné.
David ne pouvait rien donner à Dieu comme restitution pour ses terribles péchés, mais à cause de Sa bonté, Dieu a permis que le Christ fasse la restitution pour les péchés de David afin qu'il soit sauvé spirituellement et Il a permis qu'il continue à régner. Dieu a fait une faveur à David : la GRÂCE.
2. L'Apôtre Paul – 1 Corinthiens 15.9-10
Paul a persécuté les chrétiens, il a détruit des familles, blessé et emprisonné des innocents. Il a même participé à la mort du premier martyr chrétien, Étienne. Plusieurs de ceux qui ont souffert par sa faute étaient peut-être encore en prison ou séparés quand il s'est converti. Assurément, rien ne pouvait compenser envers eux pour ses actions. Il ne pouvait les libérer. Que pouvait-il donner à Dieu en échange pour ses péchés ? Même tout son travail missionnaire et sa souffrance ne pouvaient ramener Étienne à la vie.
Paul a compris qu'il était sauvé, il a été utile et a servi uniquement parce que Dieu lui a fait la faveur de charger tous ses péchés au Christ afin qu'il puisse continuer à vivre. C'est la grâce !
Sommaire
13Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; 14il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a détruit en le clouant à la croix;
- Colossiens 2.13-14
Paul nous donne une image vivide de l'œuvre de la grâce pour nous quand il décrit comment Dieu cloue nos dettes (nos péchés) à la croix pour que le Christ en fasse la restitution par Sa mort.
Quand nous sommes inquiets de notre salut parce que nous considérons nos péchés passés, nos faiblesses actuelles ou les tentations futures, rappelons-nous de l'image de notre parfait Seigneur sur la croix. Cela nous donnera le soulagement qui vient de cette assurance.
En finissant ce chapitre, je veux que vous pensiez à votre pire péché, à celui qui vous cause le plus d'anxiété, de douleur ou de crainte. Imaginez-le comme une dette et clouez-le à la croix. Laissez-l'y pour que Jésus en fasse le paiement pour vous une fois pour toutes. Puis éloignez-vous-en et n'y pensez plus jamais.