Lent à capituler

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Avez-vous jamais remarqué que de s'abandonner au Seigneur prend beaucoup de temps? Cela commence habituellement par l'admission qu'Il est Dieu et que nous ne le sommes pas, quelque chose d'assez évident pour l'observateur normal, mais il y a souvent un long et tortueux chemin de résistance et de déni avant que cette vérité ne devienne fermement ancrée comme point de départ d'une évaluation personnelle réaliste face à Dieu.

Bien sûr, par notre activité religieuse et du bout des lèvres, nous prétendons croire que Dieu est le Créateur et l'objet de réflexions spirituelles parce que c'est plus difficile de ne pas croire que de reconnaître Sa réalité. Nous laissons ainsi le lourd fardeau de l'athéisme aux âmes plus fortes qui sont ravies d'être définies par ce en quoi elles ne croient pas. Toutefois la croyance n'est pas la même chose que l'abandon parce que quand quelqu'un s'abandonne à Dieu, il n'est plus la même personne.

Croire en Dieu peut apporter des changements à notre style de vie et à notre manière de penser, mais nous abandonner à Dieu transforme l'âme. C'est la raison pour laquelle ce processus est si lent.

Abandonner nos mauvaises habitudes, changer nos opinions, pratiquer des rites religieux, ce sont là des choses extérieures résultant de la compréhension des demandes (exigences) de notre religion. L'abandon, par contre, provoque une transformation de qui nous sommes et de la manière dont nous nous identifions.

Il n'est donc pas surprenant que Pierre et Paul, ainsi que d'autres écrivains inspirés du Nouveau Testament, fassent référence à eux-mêmes comme esclaves ou serviteurs du Seigneur (Romains 1.1). Il ne s'agit pas là de fausse modestie. Il s'agit plutôt de leur reconnaissance de l'abandon dont ils ont fait l'expérience à cause de leur proximité au Dieu vivant incarné en Jésus Christ! C'est réconfortant pour nous d'observer la lenteur et parfois même la résistance de leur soumission à Dieu face aux preuves écrasantes de la divinité du Christ parce que cela nous donne de la perspective et de la patience quant à notre propre lenteur.

En tant que croyants, nous ressentons souvent le devoir d'imiter Jésus, et nous nous efforçons d'améliorer notre moralité. Cet effort est perçu comme un appel à pécher moins plutôt qu'un appel à nous abandonner davantage, ce qui cause un échec double. La raison-même pour l'incarnation de Jésus et pour Sa vie sans péché était d'expier nos péchés. Une fois que nous avons été justifiés par la foi (exprimée par le repentance et le baptême), pourquoi poursuivons-nous cette justification en renouvelant nos efforts de pécher moins? N'est-ce pas là la raison-même pour laquelle Jésus devait venir, puisque nous ne pouvons pas pécher moins?

Mieux vaut une exhortation à une piété plus profonde qu'à moins de péché parce qu'en nous efforçant d'être plus attentifs à Dieu et aux choses de Dieu (qui est la définition de la piété), nous nous connectons à Dieu directement plutôt que d'être nous-mêmes le point de départ de notre effort de pécher moins dans un effort futile d'améliorer notre condition morale devant Dieu. Nous abstenir du péché n'est évidemment pas une mauvaise chose, mais faire de cela notre objectif renie le fruit qui pourrait en résulter. Diminuer le péché est quand même une stratégie efficace d'abandon de notre âme à Dieu en restaurant la vision du paradis donnée à l'homme avant l'entrée du péché dans le monde, une vision qui permit à Adam de marcher avec Dieu parce qu'il pouvait voir Dieu et considérer Sa majesté.

C'est là la raison pour la lenteur de notre abandon envers Dieu: l'aveuglement causé par le péché.

Si je pouvais Le voir dans toute Sa gloire, je m'abandonnerais à Lui immédiatement et naturellement à cause de la joie intense de connaître et de voir ce qui m'est heureusement et miséricordieusement supérieur. Autrement dit, reconnaître que je ne suis pas Dieu devient une source de joie et de gratitude éternelle qui a le pouvoir de dissiper instantanément tout péché en moi et de me libérer de l'esclavage de l'orgueil qui a pris naissance quand Lucifer s'est élevé devant Dieu, et qui a continué à travers chaque homme, aveuglé par le péché, qui refuse de donner à Dieu ce qui Lui est dû... l'abandon total. Faisant allusion à cela, Paul proclame qu'à Son retour,

10afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre,

11et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

- Philippiens 2.10-11

L'Esprit promet qu'éventuellement tous capituleront, volontairement ou non.

Heureusement, Dieu est patient avec nous quant à notre lenteur. Puisqu'Il est hors du temps, notre lenteur ne Le provoque pas comme elle provoque ceux qui désirent Lui offrir leur vie complète en sacrifice vivant. En fin de compte, pour ceux qui traversent le long processus de l'abandon, il y a le cycle constant de la joie momentanée d'être tenu fermement par Lui et du fardeau familier d'être dans la chair. Seulement ceux qui s'abandonnent connaissent le sentiment douloureux que Paul décrit comme son "corps de péché" en Romains 7.24, la fatigue causée par la bataille intérieure où l'ennemi refuse de lâcher le combat spirituel déjà gagné par le Christ en nous. Une guerre d'usure où le résultat est décidé mais le dommage continue à être infligé juste pour l'amour du mal.

Le confort de l'âme qui s'abandonne est qu'une fois la décision prise, la lenteur n'est plus efficace contre elle comme au temps où elle résistait à l'Esprit. Désormais la lenteur du processus menant à l'abandon complet fournit une occasion de glorifier Dieu parce "ce n'est plus moi qui vit (dans ce lent corps pécheur), c'est le Christ," et Il vit non seulement en moi mais Il finira aussi l'oeuvre de capitulation qu'Il a commencée en moi quand j'ai finalement reconnu le bienheureux fait qu'Il était Dieu, et pas moi! (Galates 2.21)