La vie dans l'église du premier siècle
Nous voici à la dernière leçon des épîtres de l'apôtre Jean. Ses deux premières lettres étaient principalement une défense de la doctrine chrétienne contre un type de gnosticisme qui tentait de fusioner des idées philosophiques grecques avec l'évangile chrétien. Cela causait à la fois du découragement et de la division dans l'église, et Jean a écrit ses deux premières épîtres pour traiter de ces faux enseignements, avertir les enseignants hérétiques et réassurer l'église quant au contenu, à la puissance et au résultat du véritable évangile dans la vie de chaque croyant.
Sa troisième lettre, en plus de son contenu d'enseignement, fournit un aperçu du fonctionnement de l'église au premier siècle. Il semble que la majeure partie du ministère était conduite à l'époque par des évangélistes itinérants qui allaient d'une congrégation à l'autre pour prêcher et enseigner. À chaque endroit, ils prêchaient publiquement et tenaient des assemblées dans les foyers où ils étaient invités à demeurer. Il y avait toujours un danger d'abus dans ce système parce que de faux enseignants et des imposteurs pouvaient facilement prendre avantage de la bonté et de la confiance des gens qui les recevaient. Dans cet environnement, l'hospitalité était un élément important de la vie et de la croissance de l'église, risqué mais nécessaire.
La troisième épître de Jean mentionne trois hommes différents dans l'église: un qui accueillait les missionnaires itinérants, un qui les refusait et un qui avait besoin d'hospitalité. Gaïus était un frère qui soutenait et nourrissait les prédicateurs de passages, Diotrèphe refusait de les recevoir ou de les laisser prêcher, et Démétrius qui avait possiblement été envoyé par Jean avait besoin d'hospitalité. Dans sa lettre, Jean approuve Gaïus et il prévient Diotrèphe d'un test d'autorité quand Jean visitera en personne. Il témoigne aussi en bien de Démétrius à l'église. Cette situation concernait le pouvoir et son utilisation dans l'assemblée, et comment un homme exerçait son autorité pour maintenir le contrôle.
Dans cette optique, voici un plan possible de cette épître qui peut nous aider à suivre la pensée de Jean alors que nous révisons sa lettre un verset à la fois.
Le plan et le texte — 3 Jean
Introduction - Verset 1
L'ancien, à Gaïus, le bien aimé, que j'aime dans la vérité.
- 3 Jean 1.1
Jean ne s'identifie pas par son nom, le récipiendaire sait de qui il s'agit et connait bien sa position et son rôle. Il utilise la même introduction qu'en 2 Jean. Le fait qu'il utilise "l'ancien" suggère qu'il est alors connu comme le dernier apôtre vivant, âgé, rempli de sagesse et de l'Esprit. Il s'agit d'une référence à lui seul. Ailleurs, quand les dirigeants de l'église étaient concernés, la référence était toujours "les anciens."
L'attachement de Jean à Gaïus est le même qu'à tous les autres, il l'aime en relation avec la vérité. La vérité est l'évangile et tout ce qu'il produit en quelqu'un. Son amour pour Gaïus a par conséquent été produit en lui par la vérité et motivé par le fait que Gaïus partage avec Jean et avec les autres la connaissance de cette vérité et la foi en elle. L'ancien/l'apôtre aime Gaïus de cette manière (un amour agape) parce que c'est un frère fidèle dans le Seigneur.
Une bénédiction - Versets 2-4
Bien-aimé, je souhaite que tu prospères à tous égards et sois en bonne santé, comme prospère l'état de ton âme.
- 3 Jean 1.2
Jean dit qu'il désire pour Gaïus la prospérité matérielle et physique aussi bien que spirituelle. Une bénédiction complète considère toutes les facettes de la vie: matérielle, physique et spirituelle. En essence, Jean prie que Gaïus ait une vie balancée, riche dans tous les domaines.
J'ai été fort réjoui, lorsque des frères sont arrivés et ont rendu témoignage de la vérité qui est en toi, de la manière dont tu marches dans la vérité.
- 3 Jean 1.3
Jean est heureux d'offrir cette bénédiction, elle est presque réflexive car la nouvelle sur Gaïus est qu'il demeure fidèle à l'évangile. Marcher dans la vérité signifie qu'il vit par la révélation de l'évangile et de ses enseignements. On pense que de répondre à l'évangile est un acte unique (croire, se repentir, confesser et être baptisé), mais marcher dans la vérité signifie que ce cycle de réponse est un exercice continue qui devient la substance de notre foi quotidienne.
Par exemple, je grandis continuellement dans ma connaissance et ma foi dans la parole de Dieu ainsi que dans sa bonne application dans ma vie. Je suis constamment testé par le Saint Esprit dans mes voies, et je renouvelle mes efforts de repentance et de rejet de conduite mondaine et pécheresse pour la vraie et bonne manière de vivre et de penser qui m'est montrée dans la parole de Dieu. Je deviens plus audacieux et meilleur à confesser Jésus Christ par ma vie, mes mots, mon service, mes offrandes et mon sacrifice. La première fois que j'ai confessé ma foi en Jésus, avant mon baptême, c'était une soirée froide en novembre, devant deux personnes. Depuis, j'ai confessé le Christ devant des millions de gens à travers mes efforts d'enseigner et de prêcher via différents médias (les journaux, la radio, la télévision, l'internet, les livres, etc.). Je fais constamment l'effort d'enterrer mon orgueil, ma volonté, mon égo dans le baptême d'humilité afin d'être ressuscité quotidiennement à une similarité plus grande au Christ.
Jean voit en Gaïus un homme qui marche ou qui vit dans cette vérité continuelle et il aime voir cette caractéristique en lui, cela devient une extension de son amour pour le Christ.
Je n'ai pas de plus grande joie que d'apprendre que mes enfants marchent dans la vérité.
- 3 Jean 1.4
En fait, de voir ce phénomène prendre place en tout membre de l'église cause en lui la plus grande joie. Le fait d'observer la transformation d'un autre en une image de plus en plus conforme au Christ est une expérience très gratifiante, particulièrement s'il s'agit de quelqu'un que vous avez aidé à grandir dans la foi.
L'encouragement des frères qui travaillent pour la vérité - Versets 5-8
5Bien-aimé, tu agis fidèlement dans ce que tu fais pour les frères, et même pour des frères étrangers, 6lesquels ont rendu témoignage de ta charité, en présence de l'Église. Tu feras bien de pourvoir à leur voyage d'une manière digne de Dieu.
- 3 Jean 1.5-6
Jean loue l'oeuvre de Gaïus à pourvoir l'hospitalité pour les évangélistes et les missionnaires qui voyagent vers lui. Le mot hospitalité vient d'un mot grec qui signifie "l'amour des étrangers." Offrir nourriture et hébergement à des étrangers était non seulement un acte de foi mais aussi une aide énorme à répandre l'évangile. Jean et l'église à Éphèse ont entendu parler de la manière dont Gaïus avait traité les missionnaires de manière généreuse. Il le loue et l'encourage à continuer à offrir cette hospitalité et le pousse aussi à pourvoir généreusement pour leur voyage après leur départ.
7Car c'est pour le nom de Jésus Christ qu'ils sont partis, sans rien recevoir des païens. 8Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin d'être ouvriers avec eux pour la vérité.
- 3 Jean 1.7-8
Jean dit de ces missionnaires que leur seul motif est leur foi en Christ et qu'ils n'ont ni sollicité ni accepté aucune aide de ceux à qui ils prêchent (les païens). Ce dévouement et cette intégrité devaient être soutenus par les croyants. Après tout, si les croyants ne soutenaient pas les missionnaires, qui le ferait? Et bien que Gaïus n'enseigne pas et ne prêchepas non plus, ses efforts d'offrir l'hospitalité étaient sa participation et sa contribution à cet effort d'évangélisation qui était acceptable à Dieu.
Nous ne pouvons tous être missionnaires, nous n'avons pas tous la capacité d'être des travailleurs personnels efficaces, mais dans la mesure où nous soutenons et aidons ce travail, nous partageons le ministère et les récompenses qui en découlent.
Une réprimande à ceux qui opposent la vérité - Versets 9-11
J'ai écrit quelques mots à l'Église; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point.
- 3 Jean 1.9
Jean se concentre maintenant sur le sujet à l'origine de cette lettre. Selon certains érudits, il avait déjà écrit et donné à l'église des directives pour recevoir certains missionnaires mais il semble que Diotrèphe ait refusé d'honorer ces instructions. D'autres croient qu'il fait référence à sa deuxième épître. D'une manière ou d'une autre, Diotrèphe bloquait la communication entre Jean et l'église, défiant son autorité d'apôtre et d'enseignant.
C'est pourquoi, si je vais vous voir, je rappellerai les actes qu'il commet, en tenant contre nous de méchants propos; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l'Église.
- 3 Jean 1.10
Jean mentionne la conduite inacceptable et coupable de Diotrèphe:
- Des accusations injustes contre Jean et d'autres dirigeants.
- Son refus de recevoir des enseignants et des missionnaires qui sont envoyés.
- Son interférence entre ceux qui tentent d'offrir l'hospitalité.
- La discorde qu'il crée en chassant de l'église ceux qui s'opposent à lui.
Cet homme voulait contrôler et il rejetait l'autorité de Jean en tant qu'apôtre et de ceux qui voulaient obéir à Jean. C'est là un vieux modèle encore utilisé de nos jours. Ceux qui désirent contrôler l'église et refusent l'autorité en place commencent une campagne de critique, de commentaires négatifs et de diffamation contre ceux qui sont en position de leadership. Jean écrit qu'il fera face à cette personne en exposant la vérité sur ses fautes et ses mauvaises actions.
Il n'y aura pas de bagarre, pas d'intrigue politique, pas de débat ou de concours pour voir qui est meilleur, plus fort ou plus intelligent. Jean démontrera les faiblesses de cet homme en comparant ses actions et ses attitudes envers la parole de vérité. Que l'évangile juge, alors la vérité sera évidente et chacun pourra discerner et choisir.
Bien-aimé, n'imite pas le mal, mais le bien. Celui qui fait le bien est de Dieu; celui qui fait le mal n'a point vu Dieu.
- 3 Jean 1.11
Jean rappelle à Gaïus et à l'église de ne pas être influencés par les actions de cet homme. Il est tentant de combattre le feu avec le feu, le mal avec le mal, le pouvoir avec un plus grand pouvoir. Il s'agit toutefois du royaume de Dieu et non pas du monde. Les choses y fonctionnent différemment. Jean les encourage à imiter les choses qui ont été enseignées qui sont bonnes pour combattre le mal qui s'infiltre dans l'église. Il ne faut pas succomber à l'orgueil et aux motifs égoïstes. Il est bien d'offrir l'hospitalité aux missionnaires et aussi de faire face au mal en révélant leurs péchés et en n'y participant pas.
Jean leur dit que ceux qui agissent ainsi prouvent qu'ils ont vu (ou reconnu) Jésus comme Dieu, et ceux qui n'agissent pas de cette manière ne connaisssent pas la vérité et n'ont pas vu (ou reconnu) que Jésus est vraiment Dieu, et pas seulement un autre enseignant.
Une éloge au témoignage de la vérité - Verset 12
Tous, et la vérité elle-même, rendent un bon témoignage à Démétrius; nous aussi, nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est vrai.
- 3 Jean 1.12
Jean fait l'éloge de Démétrius, enseignant et missionnaire envoyé qui se trouve peut-être au milieu de ce conflit. L'apôtre donne trois références:
- L'église lui rend un bon témoignage.
- La vérité lui rend un bon témoignage (c'est à dire qu'il prêche la vérité et qu'il vit selon ce qu'il prêche).
- L'ancien, Jean lui-même, garantit son caractère et son oeuvre.
Cela devrait suffire à recommander quelqu'un et à surmonter tout doute ou toute question, y compris ceux de Diotrèphe.
La conclusion - Versets 13-15
13J'aurais beaucoup de choses à t'écrire, mais je ne veux pas le faire avec l'encre et la plume. 14J'espère te voir bientôt, et nous parlerons de bouche à bouche. 15Que la paix soit avec toi! Les amis te saluent. Salue les amis, chacun en particulier.
- 3 Jean 1.13-15
Jean finit la lettre en mentionnant qu'il a plusieurs choses à dire à Gaïus mais qu'il le fera plutôt en parole, face à face. Il envoie cette lettre avant sa visite pour préparer le chemin. Il planifie y aller peu de temps après, ce qu'il fera sans avertissement pour faire face à la situation avec Diotrèphe sans lui donner l'occasion de causer du trouble au préalable.
Il offre la bénédiction dont ces frères ont besoin: la paix. Il salue les nombreuses connaissances qu'il partage avec Gaïus et finit sur une note positive d'anticipation personnelle.
Sommaire et leçons
Nous pouvons tirer plusieurs leçons de cette courte lettre très personnelle de Jean à son ami chrétien Gaïus concernant le problème d'hommes qui essaient de dominer l'église.
1. Enseigner la vérité est important
Jean les complimente pour connaître la vérité et vivre selon elle. Ce qu'ils disent, font, pensent, comment ils adorent, ce qu'ils prêchent et enseignent, tout est fait selon ce qui est vrai. C'est une autre manière de dire "selon la parole de Dieu," parce que Jésus dit que c'est la parole de Dieu qui est vraie (Jean 17.7). Cela n'est possible que parce qu'ils ont appris la vérité de quelqu'un qui la leur a enseignée (dans ce cas il s'agissait peut-être de Jean lui-même).
Mon point ici est que pour vivre selon la vérité, il a fallu qu'elle soit enseignée. La tâche de connaître, d'enseigner et de communiquer la vérité d'une génération à l'autre appartient à l'église (1 Timothée 3.15), et à l'intérieur de l'église cette tâche revient à chaque enseignant, à chaque prédicateur et ultimement à chaque ancien. Des classes bibliques pour les tout-petits jusqu'aux classes pour les adultes, il est important d'enseigner avec soin la vérité de la parole de Dieu et de ne pas y substituer des idées humaines, peu importe à quel point elles sont nobles. On ne peut pas vivre selon la vérité et plaire à Dieu si ceux qui sont responsables de l'enseignement n'enseignent pas constamment la vérité.
2. Ceux qui enseignent la vérité méritent notre support
Il y a habituellement des douzaines de personnes impliquées dans le programme d'éducation de l'église. Cela inclut des anciens, des ministres, des diacres, des enseignants, des coordinateurs et des assistants. Tous ces saints méritent notre support. Certains d'entre eux gagnent leur vie de cette façon et ils méritent ce qu'ils reçoivent, d'autres se portent volontaires et méritent notre reconnaissance. Toutes ces personnes méritent toutefois la coopération de l'église, que ce soit les efforts des parents d'amener les enfants à la classe biblique, à maintenir leur propre assiduité et à encourager les efforts à enseigner la vérité. Nous achetons souvent des souvenirs hors prix pour soutenir nos héros sportifs et les vedettes de cinéma mais négligeons de dire merci à ceux qui dirigent nos âmes vers le ciel.
3. Ceux qui enseignent la vérité doivent aussi vivre par la vérité
Diotrèphe peut avoir renié l'hospitalité et précipité des problèmes dans l'église à cause d'un sens de devoir déformé ou pour défendre une vérité que lui seul voyait. Ses actions, cependant, étaient contraires à la vérité donnée par les apôtres et reçue par l'église. Démétrius, par contre, recevait l'affirmation parce que ses actions étaient fidèles à la vérité qu'il avait reçue des apôtres. Il n'est pas difficile de discerner les imposteurs, soit par leurs paroles qui ne correspondent pas à celles de Jésus, ou par leurs actions qui ne correspondent pas à leurs paroles. Rappelez-vous que ceux qui désirent enseigner ont la double responsabilité d'enseigner uniquement ce qui est vrai et vivant selon la vérité.
4. L'hospitalité demeure un ministère important et nécessaire
On ne dépend plus de l'hospitalité de nos jours pour prendre soin de nos missionnaires et évangélistes, toutefois elle est encore cruciale au développement d'une église du Nouveau Testament. En ne partageant pas nos foyers, en n'accueillant pas les étrangers, en n'aidant pas les nouvelles familles à sentir qu'elles font partie de la famille qui est l'église, nous négligeons une mission et un ministère de première importance de l'église: l'hospitalité. L'hospitalité n'est pas toujours pratique, elle coûte temps et argent, et c'est ce qui la rend si plaisante à Dieu. Quand nous offrons l'hospitalité nous donnons vraiment de nous-mêmes et cela la rend spéciale et valable d'être offerte au Seigneur.