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Introduction à l'épître aux Hébreux

Cette première leçon établit le contexte historique et religieux de l'épître.
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Les premiers chrétiens étaient juifs. La première congrégation de l'Église du Seigneur était composée de Juifs. Les premières Écritures utilisées pour prouver que le Christ était le Messie étaient les Écritures juives que nous appelons l'Ancien Testament. Il s'est écoulé environ dix ans avant que les Apôtres ne prêchent l'évangile à des non juifs (Corneille et sa maisonnée - Actes 10). Pendant les 30 premières années du christianisme, on pouvait être un chrétien hébreux et continuer à pratiquer sa foi et ses traditions juives parce que les deux religions étaient considérées comme des formes différentes de la même chose. Éventuellement, toutefois, cela s'est avéré plus difficile pour plusieurs raisons:

  • La religion juive est devenue plus hostile envers le christianisme (la persécution de Saul, Actes 9.1 et suivants).
  • Les chrétiens juifs conservateurs voulaient garder le christianisme dans le contexte et sous le contrôle de la religion juive (les judaïsants, Actes 9.1 et suivants).
  • Le gouvernement romain a commencé à faire une distinction entre les deux religions (ils avaient jusque là considéré le christianisme comme une secte à l'intérieur du judaïsme). Seul le judaïsme était une religion légale dans l'Empire romain, alors le christianisme ainsi que d'autres religions ont été interdits par le gouvernement (l'exécution de Paul, 2 Timothée 4.6).

À cause de toutes ces pressions, de nombreux chrétiens juifs devaient choisir soit de retourner à leur ancienne religion soit de rompre complètement avec le judaïsme pour embrasser pleinement le christianisme. Ils ne pouvaient plus pratiquer les deux. La lettre aux Hébreux a donc été écrite pour les convaincre qu'ils avaient bien choisi en devenant chrétiens et qu'ils devaient persévérer dans ce choix (Hébreux 6.11).

Le titre

Cette épître est adressée "aux Hébreux". Elle n'a pas été écrite comme une épître générale à tous les Juifs, mais elle aurait pu être utilisée de cette manière si nécessaire. Cette lettre, par conséquent, s'adressait à un groupe spécifique que l'auteur connaissait et qu'il avait l'intention de visiter (Hébreux 13.23).

L'auteur

Il n'y a pas de preuve définitive mais il existe plusieurs théories quant à l'auteur de cette épître :

  • Un écrivain inconnu qui connaissait les écrits de Paul et qui a écrit cette lettre en les utilisant comme source.
  • Barnabas - Il était lévite (Actes 4.36), donc familier avec les rituels juifs et les coutumes de l'Ancien Testament. Il écrivait le grec puisqu'il était originaire de Chypre. Il était reconnu comme un homme d'action plutôt que pour son érudition et pourtant cette épître a été écrite en utilisant une forme instruite de la langue grecque.
  • Apollos - Il était un érudit et orateur grec d'Alexandrie, bien versé dans l'Ancien Testament ainsi que dans les écrits de Paul. Il était bien connu et respecté dans l'église, cependant aucun de ses autres écrits n'existe et il ne se nomme pas dans le texte.
  • Paul - Cet apôtre connaissait bien l'Ancien Testament et l'Évangile. Il se peut qu'il l'ait d'abord écrite sous forme de sermon (de nombreuses références suggèrent une présentation orale, Hébreux 1.1). Tous les pères de l'église primitive (Clément d'Alexandrie 156 -211 après J.C. Origène 185-254 après J.C.; Jérôme 347-420 après J.C.) ont conclu qu'elle a été écrite par Paul. La meilleure hypothèse ou théorie est qu'elle a été écrite à l'origine par Paul sous forme de sermon, puis traduite en grec par Luc à l'époque de la mort de Paul (ou peu après) à Rome (67 après J.C.)

Ce dont nous sommes sûrs, c'est que l'auteur connaissait ses lecteurs et leur situation, qu'il connaissait Timothée, qu'il était bien versé dans l'Ancien Testament et le rituel du temple, qu'il avait pleinement saisi qui était le Christ, et qu'il était un excellent écrivain. Mais comme Origène l'a dit après son étude de cette question: "Dieu seul connait avec certitude qui a écrit cette épître."

La date

  • 96 après J.C. - Clément, évêque de Rome, cite l'épître aux Hébreux, celle-ci a donc certainement été écrite avant 96 après J.C.
  • 70 après J.C. - La ville de Jérusalem et le temple sont détruits par l'armée romaine. Étant donné que l'épître aux Hébreux traite longuement du rituel du temple, le fait que cet événement n'y soit pas mentioné suggère fortement qu'elle a été écrite avant 70 après J.C. En outre, le travail des prêtres y est mentionné au présent.
  • 33-60 après J.C. - Hébreux 2.3-4; 13.7 parle des dirigeants de l'église et de la fin de leur vie. Cela suggère qu'au moins une ou deux générations se sont écoulées depuis l'établissement initial de l'Église à Jérusalem.

La plupart des érudits estiment que cette épître a été écrite entre 63 et 69 après J.C. étant donné que le temple est encore en fonction et qu'il s'est écoulé assez de temps pour élever quelques générations de dirigeants chrétiens dans l'Église.

L'objectif et l'approche d'Hébreux

Je vous prie, frères, de supporter ces paroles d'exhortation, car je vous ai écrit brièvement.
- Hébreux 13.22

Le but de cette épître était d'encourager les chrétiens juifs qui hésitaient dans leur foi et envisageaient un retour au judaïsme à rester fidèles au Christ.

  • Ils étaient découragés par la persécution et l'obligation de choisir.
  • Ils commençaient à négliger l'assemblée, ce qui est généralement un premier signe de maladie spirituelle.
  • Plusieurs étaient déjà retournés au judaïsme (Hébreux 6.4-6).
  • Il était de plus en plus évident que la nation juive n'allait pas s'attacher au christianisme.
  • Les chrétiens juifs allaient être isolés (ils ne s'intégraient pas aux non juifs et ils étaient rejetés par leurs familles juives).

L'approche

L'écrivain compare les deux religions et met ses lecteurs au défi de choisir, une fois pour toutes, celle qui est supérieure. Dans l'épître il compare le Christ à divers éléments importants de la religion juive: les prophètes, les anges, Moïse, Josué et Aaron, tous représentant d'une manière ou d'une autre la religion juive et son culte . Après cette série de comparaisons et d'arguments, l'auteur énumère un certain nombre de héros qui ont été persécutés et ont souffert pour leur foi, mais qui ont persévéré; cela dans l'effort de les encourager à les imiter. Il complète l'épître par un enseignement pratique sur la façon de vivre fidèlement au jour le jour en tant que chrétien, puis termine par des salutations et des exhortations.

Le plan général

Hébreux est divisé en deux parties principales:

  1. La gloire du Christ (Hébreux 1.1-10.18)
    • Le peuple juif était habitué au concept que Dieu s'est révélé de différentes manières, par des personnes, des anges et des rituels religieux (l'adoration au temple, le système de sacrifices). Dieu s'est glorifié et a glorifié son peuple par ces moyens, et le peuple a pris confiance en lui et l'a loué pour cette interaction tout au long de son histoire. Dans la première partie d'Hébreux, l'auteur démontre que peu importe à quel point ces événements étaient glorieux, la révélation de Dieu à travers Jésus Christ leur était grandement supérieure. Par conséquent, dans les dix premiers chapitres l'auteur démontre comment Jésus est plus glorieux que les prophètes, que les anges, que Moïse, etc. et donc supérieur et digne d'être suivi et obéi.
  2. La gloire de l'Église (Hébreux 10.19-13.25)
    • Une fois qu'il a établi la suprématie du Christ en démontrant la supériorité de sa gloire, l'auteur encourage à glorifier la tête de l'Église, Jésus, par la fidélité envers lui et la sainteté en lui. La conclusion, non articulée, est que si Jésus est plus glorieux que la religion juive (y compris ses prophètes, ses rituels, etc.), alors son Église partage cette gloire et est, par conséquent, supérieure elle aussi. (L'argument étant de ne pas abandonner le supérieur pour l'inférieur).

Jésus: supérieur aux prophètes - Hébreux 1.1-3

Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes,
- Hébreux 1.1

"Dieu a parlé" - Il parlait, il s'agissait d'une communication personnelle et consciente. "Nos pères", des personnes, des dirigeants, des rois à qui Dieu a parlé à travers l'histoire du peuple juif. "Par les prophètes", Dieu parlait à travers eux.

Le contenu de l'Ancien Testament était la plus grande source de révélation. "À plusieurs reprises et de plusieurs manières" - Il leur a parlé de différentes manières: par des rêves, des visions, des écrits qui donnaient parfois des avertissements immédiats ou des prophéties distantes, et ils accomplissaient des miracles pour authentifier leur inspiration divine.

Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils,
- Hébreux 1.2a

"Ces derniers temps" fait référence à la dernière partie de l'histoire humaine selon la chronologie biblique. Ils existe trois phases historiques:

  1. Antédiluvienne - De la création au déluge (Genèse 1.1-8.22).
  2. Postdiluvienne - Du premier arc-en-ciel après le déluge jusqu'à l'ascension de Jésus (Genèse 9.1-Actes 1.26). Les deux événements commencent et finissent avec les yeux des hommes fixés vers le ciel avec espoir.
  3. Les derniers temps - Du dimanche de la Pentecôte au retour de Jésus (Actes 2.1-Apocalypse 22.21). Le temps donné à l'Église pour préparer le monde au retour du Christ. Dans ces "derniers temps", Dieu a parlé par son Fils et non par les prophètes ou par toute autre "manière différente". C'est là la méthode de communication de Dieu dans les derniers temps. La révélation qu'il fait à travers son Fils en ces derniers temps est plus grande que tout ce qui avait été dit par les prophètes. Notez que l'auteur ne dit pas que Dieu n'a pas parlé par les prophètes, Il l'a fait, mais c'est de Jésus que les prophètes parlaient. L'auteur poursuit en énumérant trois choses concernant le Fils qui démontrent sa supériorité aux prophètes.

1. Sa prééminence dans l'histoire

qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde,
- Hébreux 1.2b

Un héritier est celui qui hérite quelque chose qui lui est laissé par quelqu'un d'autre; habituellement ce qui est laissé a été accumulé ou construit par quelqu'un et laissé en héritage. L'auteur note ici que Jésus est l'héritier de toutes choses parce que c'est par lui que toutes choses ont été créées. Ce n'est pas là une idée nouvelle dans le Nouveau Testament. Plusieurs passages font référence à cette idée de la position exaltée du Christ (Matthieu 28.18, Jean 11.3, 1 Corinthiens 8.6, Colossiens 1.16-17, Apocalypse 1.8; "Je suis l'alpha et l'oméga").

Jésus a une place prééminente dans l'histoire parce qu'Il est à la fois au commencement de l'histoire en tant qu'agent de la création, et à la fin de celle-ci en tant que son héritier (le propriétaire légitime à la place de Satan qui a tenté de le supplanter en séduisant l'humanité). Les prophètes rappelaient aux Juifs leur passé et parlaient du futur, mais Jésus est plus grand qu'eux parce qu'Il est à la fois au début et à la fin des temps, alors que les prophètes ne vivaient qu'entre le début et la fin des temps.

2. Sa personne

et qui, étant le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante,
- Hébreux 1.3a

En discutant de l'identité de Jésus, l'auteur dit trois choses à son sujet que personne ne pourrait jamais dire d'aucun des prophètes.

Il est le "reflet de sa gloire". Le reflet = la lumière ou l'éclat. La gloire = la source ou l'essence de Dieu. Jésus est la lumière directe de la source et non une réflexion de la lumière (comme la lune). Il est comme la lumière du soleil. La face de Moïse brillait comme la réflexion de l'éclat de Dieu. L'éclat de Jésus en relation à Dieu est ce que la flamme est au feu, ce que la lumière du soleil est au soleil. On voit cet éclat de manières pratiques dans son enseignement, ses miracles, la pureté de sa vie; on le voit de manières surnaturelles dans sa transfiguration et son ascension. Les prophètes ont vu et parlé de cet éclat, mais Jésus était l'éclat-même. Sans Jésus le monde est dans l'obscurité totale par rapport à Dieu et au salut ("Je suis la lumière du monde" Jean 8.12).

Il est la représentation exacte de sa nature, "l'empreinte de sa personne". Jésus n'est pas une copie de Dieu, Il a la même nature que Dieu. Le meilleur exemple de cette idée d'être "différent mais le même" est visible dans la différence entre le mâle et la femelle. L'homme et la femme sont de genre différent mais ils ont la même nature. De même, lorsque nous voyons Jésus, nous voyons une personne distincte de Dieu le Père, mais qui a la même nature que Dieu. Les prophètes ont fait des choses surnaturelles par la puissance de Dieu, mais ils ne possédaient qu'une nature humaine. Jésus a fait des choses surnaturelles parce qu'Il avait à la fois une nature humaine et une nature divine.

"Soutenant toutes choses par sa parole puissante". Soutenant ne signifie pas ici "portant" comme l'image d'Atlas tenant le monde sur ses épaules mais plutôt que sa puissance maintient tout ensemble afin que rien ne puisse détruire totalement le monde.

Il guide aussi le monde jusqu'à sa fin selon son dessein et Il ne peut être dépassé en cela. Tout cela est accompli par le pouvoir de sa parole ou de l'expression formulée de sa volonté. Par exemple, au commencement Dieu a exprimé sa volonté en disant, "...que la lumière soit" et la lumière est apparue. Convertir l'expression de la parole de Dieu en réalité était le rôle du Christ dans la création. Lorsqu'Il était dans la barque pendant la tempête, Jésus a simplement calmé la mer en exprimant sa volonté par ses paroles (le pouvoir de concrétiser sa volonté en l'exprimant en paroles).

Il a offert le pardon à l'homme infirme dans le temple seulement par ses paroles et Il a ensuite prouvé qu'Il avait le pouvoir même sur les choses invisibles telles le pardon des péchés, Il l'a aussi guéri seulement avec ses paroles. Les prophètes ont accompli de grandes choses mais leurs paroles étaient ses paroles à lui et les choses accomplies l'étaient par sa volonté. Jésus était supérieur aux prophètes parce qu'Il existait avant eux et après eux; sa personalité réfléchissait l'image de Dieu, sa volonté et sa puissance; et finalement, sa position était supérieure à la leur.

3. Sa position

a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts,
- Hébreux 1.3b

L'auteur décrit les deux positions que Jésus a prises et qu'aucun prophète n'a jamais pu prendre.

1. Comme sacrifice pour les péchés - la position la plus basse.

Jésus aurait pu exprimer sa prééminence et son identité sans quitter les cieux, mais Il l'a fait pour remédier au péché de l'homme.

6lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu,7mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et ayant paru comme un simple homme,8il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix.
- Philippiens 2.6-8

Cette référence à la purification du péché est expliquée plus loin alors que l'auteur parle plus en détail de la manière et des raisons pour lesquelles cela était nécessaire. Ici il mentionne simplement que Jésus l'a accomplie.

2. À la droite de la majesté divine - la position la plus élevée (une d'autorité).

Philippiens 2.8 explique que Jésus a repris la position d'autorité qu'Il occupait avant son humiliation sur la croix. Il est intéressant de noter que Jésus est le premier et le dernier dans un cadre temporel horizontal et qu'Il occupe les rôles supérieur et inférieur dans les positions verticales d'honneur, le sommet étant son trône dans le ciel et le bas étant la croix qu'Il a soufferte. Ainsi, horizontalement Il est au début et à la fin, et verticalement, Il est à la fois au sommet et au bas.

Les prophètes ont offert des sacrifices pour le péché mais ils ne se sont jamais offerts eux-mêmes en sacrifice. Aucun des prophètes n'avait d'autorité excepté celle qu'il avait reçue de Dieu. Jésus, lui, donne l'autorité depuis sa position de pouvoir à la droite de Dieu.

Sommaire

L'auteur commence sa lettre en exaltant Jésus. Il le dit supérieur aux prophètes:

  • Il est le premier et le dernier dans l'histoire - les prophètes ont vécu entre les deux.
  • Il est de nature divine - les prophètes n'étaient que des hommes.
  • Il a l'autorité suprême - les prophètes n'avaient aucune autorité.

Aucun prophète n'a pu prétendre ou n'a jamais prétendu de telles choses.

Application

Il n'y a vraiment qu'une seule leçon ou application principale basée sur notre étude des trois premiers versets du chapitre un d'Hébreux: écoutez Jésus Christ! À la transfiguration la voix dans le nuage a dit:

Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection: écoutez-le!
- Matthieu 17.5b

Il est supérieur aux prophètes d'Israël, et ceux-ci étaient supérieurs à tout autre prophète de leur temps ou du nôtre parce que ce qu'ils ont dit s'est accompli. Jésus, par sa position historique (premier et dernier) et spirituelle (du plus bas au plus haut) a le droit et l'autorité de parler en tant que Dieu et pour Dieu. Lorsque notre foi est faible, lorsque nous cherchons des réponses, lorsque nous sommes troublés ou découragés, ce dont nous avons besoin, ce n'est pas de plus de temps seul, de vacances ou d'une pause de l'assemblée; nous avons besoin d'écouter Jésus Christ!

Pour une église au bord de l'effondrement, l'auteur, sans introduction ou préambule, donne les paroles de vie du Jésus Christ glorieux. Nous devrions nous en souvenir quand nous nous trouvons dans cette position ou quand nous essayons d'encourager quelqu'un d'autre à persévérer dans la foi.

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